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> Juanito, 1977-1987
Redondo
* 20/05/2010, 00:53:40
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Nouveau concept sur Planete Real Madrid, les joueurs ayant évolué au Real Madrid pendant au moins 10 ans ont le droit à un topic dans la partie "FanZone". On pourra parler de cette légende dans ce topic, de tout ce qui touche autour de cette légende.

Et première légende. Un certain Juanito qui a marqué l'histoire du Real Madrid. Pour les plus jeunes, c'est un joueur à connaitre, un joueur qui avait le Real Madrid dans le sang, un joueur qui se fait rare de nos jours malheureusement.

Juan Gomez Gonzalez dit Juanito



Né le 10 novembre 1954, décédé le 2 avril 1992.
Milieu offensif - attaquant.

Clubs successifs : Atletico Madrid (1972-1973), Burgos (1973-1977), Real Madrid (1977-1987), Malaga (1987-1989), Los Boliches (1989-1990).

Palmarès : 5 championnats (1978, 1979, 1980, 1986, 1987); 2 coupes du roi (1980,1982), 1 coupe de la ligue (1985), 2 coupes de l'Uefa (1985, 1986), meilleur buteur du championnat (1984), joueur de l'année (1976-1977).

International espagnol
: 34 sélections, 8 buts

***

Voici un très bon article extrait du magazine "So Foot", paru ce mois de mai : A lire absolument

Pendant dix ans, il a imprimé sa rage de vaincre à une équipe du Real Madrid devenue spécialiste des opérations commandos. Fan absolu de tauromarchie, Juanito pouvait se transformer en boucher sanguinaire sitot qu’il mettait un crampon dans l’arène du Bernabeu. Aujourd’hui encore, son esprit plane sur les tribunes de l’antre madrilène, ou il continue d’être célébré à chaque match.


Plus qu’une habitude, une tradition. A la septième minute de chaque rencontre à Bernabeu, les socios regardent leur montre et entonnent systématiquement un chant à la gloire du défunt Juanito : « Illa, Illa, Illa, Juanito maravilla … » Cela dure environ une minute. Puis il s’assoient et reprennent le cours du match. Une coutume en forme d’hommage à celui qui porta le numéro 7 de l’équipe première pendant dix ans (1977-1987). Un culte auquel n’ont jamais eu le droit Di Stefano, Zidane, Butragueno ni même Raul. Pour beaucoup, Juan Gomez Gonzalez dit Juanito, est, malgré ses origines andalouses, son passé de colchonero (joueur de l’Atletico) et ses manières de voyou, l’incarnation suprême des valeurs madridistas. Si bien qu’à chaque fois que le Real se retrouve en difficulté, la presse locale, les supporters, et même certains dirigeants de la Maison Blanche n’hésitent pas à invoquer l’esprit de l’ancien attaquant.

L’esprit de Juanito ? Du sang, de la sueur et des tripes. « l’ame de Juanito, c’est surtout un état d’esprit, plus qu’une manière de jouer » note Juande Ramos, ancien entraineur merengue. « Contrairement à ce que l’on pourrait croire, les supporters espagnols, et en particulier ceux du Real, affectionnent avant tout les joueurs qui mouillent le maillot jusqu’à la quatre-ving-dixième minute. Alors ceux qui associent à leur rage de vaincre d’énormes qualités techniques deviennent des icônes. Juanito était celui qui incarnait le mieux cela, parce qu’il était entièrement dévoué au club et avait un style spectaculaire. Certes ses frasques nuisaient à l’image du club, mais il était très vite pardonné » explique Carlos Santillana, son compère à la pointe de l’attaque madrilène et de la sélection. Surtout Juanito est arrivé au bon moment. S’il signe pour les Matelassiers de l’Atletico au sortir de l’adolescence, une fracture du tibia le sauve d’une carrière à Vicente Calderon et après un rapide détour par Burgos, il signe au Real Madrid en 1977. A une époque ou l’essentiel des socios n’a pas connu la glorieuse époque des Di Stefano, Kopa et autre Puskas. Et ignorent encore tout de la Quinta del Buitre, le surnom de l’équipe emmené par Michel, Butragueno, Sanchis, Pardeza et Martin Vasquez encore sous couveuse. Voila donc la bande à Juanito. Un Real à l’image de son attaquant, héroique, qui, sans jamais dominer la scène continentale, se fera une spécialité des parcours européens à rallonge, avec force de retournements de situation à ruiner les bookmakers. Une sorte de Saint Etienne du riche. Une équipe pour qui perdre un match aller 5-1 ou 3-0 n’était pas forcément rédhibitoire, sus à M’Gladbach ou Anderlecht.

Sur le terrain, Juanito est celui qui symbolise le mieux cette volonté de ne jamais s’avouer vaincu. Dès le coup de sifflet finale d’une demie aller de la coupe de l’Uefa, qui a vu les Merengues s’incliner 3-1 sur la pelouse de l’Inter Milan, Juanito se retourne vers Bergomi et en profite pour lui glisser un avertissement en guise de prophétie : « Crois moi, quatre ving dix minute au Bernabeu, c’est très long ». Quinze jours plus tard, la référence européenne en matière de Catenaccio en prend cinq chez les ibères. « On avait surtout une équipe pour jouer à la maison. Nous avons fait des matchs incroyables à Bernabeu, rappelle Santillana. Sous l’impulsion de Juanito, on se réunissait tous avant le match et on discutait stratégie. Par exemple, le jour ou on joué Rummenigge, on a expliqué à Camacho comment le prendre de manière à ce qu’il ne puisse pas sauter sur corner. Et Juanito lui a conseillé de faire des fautes au milieu de terrain. Mentalement, nous étions prêts à en découdre. » Même s’il n’a pas joué avec lui, Fernando Hierro a passé suffisamment de temps au Real Madrid pour connaitre le personnage : « A Madrid, le nom de Juanito est surtout associé aux grandes soirées européennes. Sans lui, le Real n’aurait jamais remonté autant de scores défavorables. Tout simplement parce qu’il y croyait plus que les autres. » Pour convaincre ses coéquipiers que les montagnes sont faites pour être renversées, Juanito a même écrit un Guide du match retour, en dix points. Une sorte de « Dix Commandements du retournement de situation » ou l’on apprend qu’il faut toujours faire la première faute du match. Si possible, une vilaine » ou que « le succès passe par intimider l’adversaire dans le tunnel des vestiaires via des regards et des gestes agressifs ». Et l’on dérive vers la face obscure du bonhomme. Celui pour qui la soif de victoire se transformait parfois en soif de sang.

Peu dire que malgré sa technique superlative, Juanito officiait souvent à la limite de la régularité. Il ira même jusqu’à cracher sur la figure de son ancien coéquipier Uli Stielike, lors d’une confrontation européenne entre le Real et Neuchatel. L’Allemand, que Juanito accusait au passage d’avoir une attitude de mercenaire, avait eu le tort de se trouver du coté des adversaires, donc des ennemis. « C’était un sanguin, on peut le comparer à Cantona » ose Santillana. Le King n’a effectivement rien inventé. Canto a jeté son maillot à la tête d’un arbitre ? Juanito a frappé au visage le pauvre Adolf Prokov, un juge de touche à qui il reprochait de ne pas avoir le compas dans l’oeuil. Un geste qui lui vaudra d’être suspendu deux ans de toute compétition européenne. Le majeur à destination des supporters ? Juanito aussi l’a pratiqué, mais à Belgrade, sous le maillot de la sélection, et après avoir reçu une bouteille de verre sur la tempe, au beau milieu d’un vrai match de sauvage. Quand au coup de paillasson, Juanito l’a carrément executé en trois temps sur la tronche d’un adversaire. Et pas n’importe lequel, puisqu’il s’agissait de l’Allemand Matthaus lors de la demi finale de l’édition 1987 de la coupe des clubs champions entre le Real et le Bayern. Un attentat synonyme d’adieu à la coupe d’Europe puisque le natif de Fuengirola, dèjà agé de trente trois ans au moment des faits fut suspendu cinq ans à la suite de son geste.

« Juanito n’était pas violent. En Andalousie, on dit plutôt ‘caliente’ s’amuse Antonio Alvarez, actuel entraineur du Fc Seville, qui l’a cotoyé à Malaga. Santillana lui emboite le pas : « c’est claire que ce n’était pas dur de s’embrouiller avec lui. Nous nous sommes frictionnés à plusieurs reprises, parce que nous n’étions pas d’accord sur un point. Mais c’est un peu comme quand vous vous engueulez avec votre femme ou votre frère, ça passe vite. Au fond, Juanito n’était pas quelqu’un de méchant. C’était plutôt le contraire. Il adorait prendre l’apéritif avec les copains, comme tout le monde. ». Preuve que Juanito est un bon gars : pour s’excuser de son geste, il fait parvenir à Matthaus la panoplie du parfait matador. N’y voir aucune ironie, au contraire : Juanito ne plaisantait pas avec la corrida. On parle d’un type qui célébrait les titres du Real avec une cape de torrero sur le dos. Et qui, pour avoir joué les matadors lors d’une corrida de charité, écopa de trois cent mille pesetas d’amende, et cent mille de plus pour avoir diffusé la vidéo de ses exploits dans le vestiaire !

A y regarder de plus près, cette passion pour la corrida ne devait sans doute rien au hasard : mi-artiste, mi-boucher, Juanito figurait le parfait torero en crampons de 16. Métamorphosé dès qu’il revêtait son habit de lumière et entrait dans l’arène. « Lui la seule chose qu’il voulait, c’était la victoire de l’équipe. Il avait beau être sur le banc, ça ne l’empêchait pas d’être toujours le premier à se jeter sur le buteur. Il a consacré sa vie au Real Madrid », enfonce Santillana. Au vrai, il y a même consacré un peu plus. Le 2 avril 1992, il se tue au volant d’une Peugeot 405, écusson du Real au rétroviseur, après avoir assisté à une rencontre à Bernabeu. « Je me revois encore le saluer dans le vestiaire à la fin du match, se souvient Hierro. Quelques heures plus tard, j’apprends sa mort au téléphone. C’était un joueur extraordinaire. Un jour il aurait entrainé le Real Madrid, c’est certain ». Les Galactiques ont eu chaud …

****

Et voici les 10 commandements de Juanito pour les "Remontadas". Ecrites par le joueur en personne.
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1.-Dans l’autocar du retour il faut déjà parler d’écraser l’adversaire au retour.

2.- Pendant la semaine écrire que l’exploit est possible.

3.- Intimider l’adversaire dans le tunnel à travers des regards pénétrants et des gestes provocateurs.

4.- Dans le toss avec l’arbitre il faut toujours demander le ballon. L’adversaire ne doit pas toucher la balle même au départ.

5.- La première action du match doit toujours se finir dans la ligne de but ou arracher des encouragements au public.

6.- Il faut toujours faire la première faute du match. Si elle est dure et qu’elle intimide l’adversaire c’est beaucoup mieux.

7.- Il faut tirer aux buts en premier. Peu importe que la frappe aille dehors si elle fait du bruit contre les panneaux publicitaires.

8.- Ecourter la mi-temps et revenir sur le terrain avant que l’arbitre ne nous le demande est essentiel. Même à la pause il faut presser l’adversaire.

9.- Il faut tracer une ligne imaginaire et essayer que le rival ne la franchisse pas.

10.- Courir comme si nos vies en dépendaient et contagier le public de notre effort.
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TomahCRawk
* 21/05/2010, 10:55:20
Message #2


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Ce qu'il est dingue !

Ses 10 commandements, c'est exceptionnel !

Vraiment j'aurais voulu être de cette époque.

Comme celle de Cantona ou encore Roy Keane. D'ailleurs dans ce So Foot l'article de Fletcher est aussi très intéressant, les temps ont changé.

Remerciez, encore une fois Redondo, qui a retapé, au boulot, certes, tout le texte écrit par So Foot, c'est un très gros travail...
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